"Bon courage", ou la psychologie par l'échec

Publié le par La poilue

 

        Aujourd'hui, jour parmi d'autres, je suis sortie de chez moi pour je ne sais quelle obscure raison ésotérique, genre acheter du liquide vaisselle ou du pq molettonné double épaisseur, lorsque j'ai croisé dans ma rue une connaissance quelconque comme on en croise tous les jours. S'est donc ensuivi le petit dialogue d'usage, à base de "quoi de neuf," "oh bah pas grand chose"... Cette petite rencontre de mon quotidien sans grand intérêt littéraire aurait pu ne jamais figurer dans ce blog, si mon interlocuteur n'avait pas lâché, au moment de la fin de notre entretien aussi bref que peu instructif : "bon bah salut, bon courage, à plus!"

... Bon courage. Pourquoi "bon courage"? Je me souviens d'un temps pas si lointain où on se souhaitait "bonne journée" au moment de se quitter, ou à défaut "bonne soirée", si ladite journée était déjà bien entamée. Mais depuis déjà quelques mois, j'entends fleurir autour de moi des "bon courage" aussi automatiques que déprimants. La vie est-elle si triste qu'il nous faille du courage pour l'affronter, même un jour ensoleillé comme celui-ci, même alors que je viens de répondre au "quoi de neuf?" par un enthousiaste "oh bah tout va bien, on s'installe ensemble avec mon chéri, c'est cool c'est la fête" ... ? Ou est-ce moi qui semble si empotée et crétine qu'il me faudra bien du courage pour affronter les aléas de la vie réelle dont je n'ia pas conscience? Non mais avouez, il y a de quoi se poser des questions...

 

Alors, oui, moi aussi il m'arrive de dire "bon courage" au lieu de "bonne journée". Quand quelqu'un vient de me dire qu'il a eu une sale journée. Ou qu'il va à la caf, à pôle emploi, ou dans toute autre administration réputée pour sa motivante facilité paperassative. Ou aux caissières qui font laborieusement un travail que personne ne leur envie, mais que certains se permettent néanmoins de critiquer allègrement. Mais à force de recevoit des "bon courage" intempestifs, à les entendre tout autour de moi, avec ou sans raison, j'ai fini par me sentir oppressée par cette manifestation aussi inconsciente qu'allarmante de notre dépression ambiante.

 

Alors j'ai arrêté de souhaiter un bon courage. Je souhaite une bonne journée, ou une "bonne fin de journée quand même" éventuellement, si vraiment la journée à été pourrie du genre caca moisi dans une poubelle recyclable quand tu bosse justement au tri des déchets. Et plus la journée a été pourrie, ou s'apprête à l'être, plus je tente de la souhaiter avec un sourire chaleureux et motivant. Parce que personne n'a envie de devoir être courageux tous les jours pour ne pas finir dans un juste suicide.

 

Bon allez, salut, et bon courage hein!

Publié dans Je l'ouvre si je veux!

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